Réapparue en France en 2002, la myopathie atypique est une des causes de maladie les plus mortelles pour les chevaux. Savoir reconnaître les symptômes, identifier les causes et les facteurs de risque afin de mieux la prévenir pourrait vous éviter d’avoir à faire le deuil de votre cheval.
La myopathie atypique, c’est quoi ?
La myopathie atypique est une maladie musculaire qui touche les chevaux en prairie. Elle est liée à l’ingestion d’une toxine, l’hypoglycine A contenue dans les graines de plusieurs arbres de la famille des érables.
La myopathie est une maladie généralement fatale qui se caractérise par la dégénérescence des différents groupes musculaires : respiratoires, posturaux et cardiaque.
Le drame de la myopathie atypique est son évolution extrêmement rapide. Un cheval en pleine forme peut développer les symptômes en quelques heures.
« Mon poney est mort en moins de cinq heures après les premiers symptômes malgré l’intervention rapide du vétérinaire», raconte Marie.
La survie moyenne d’un cheval contaminé est de 24 à 72 heures. Seuls 15 à 25% des chevaux parviennent à en guérir. Il semblerait par contre que les chevaux guéris ne présentent ensuite aucune séquelle malgré l’intoxication.
Cette maladie n’est pas contagieuse même si plusieurs chevaux pâturant sur une même prairie peuvent être affectés en même temps mais il s’agit d’un facteur environnemental.
Le grand coupable
L’érable sycomore ! C’est un arbre qu’on trouve plus fréquemment dans nos paysages français du nord. Il peut atteindre 20 à 30 mètres de haut. Ses feuilles sont vertes sombres et constituées de 5 lobes arrondis.
Ses fruits sont appelés des “samares”. Ce sont les hélicoptères avec lesquels on jouait quand on était petit. Leurs ailerettes permettent leur dissémination favorisant la reproduction des érables. C’est bien pour les érables mais pas pour les chevaux ! Ce sont ces samares qui contiennent la toxine responsable de la myopathie atypique appelée “hypoglycine A”. Une fois ingérée par le cheval, elle se transforme en un composé très toxique appelé MCPA, qui va provoquer les symptômes.
Les principaux symptômes
L’apparition des symptômes peut être rapide et inattendue. Parfois les chevaux sont retrouvés morts alors que la veille ils ne présentaient aucun signe de la maladie
Les chevaux sont souvent très faibles et incapables de se lever. Lorsqu’ils y parviennent, c’est avec difficulté et il ne leur est possible de rester debout longtemps.
Attention, cela peut être le premier signe clinique. Lorsqu’ils peuvent marcher, ils présentent une raideur plus marquée aux membres postérieurs, accompagnée de tremblements et d’une forte sudation. Cependant, ils sont en hypothermie et la température est souvent plus basse que la normale.
Les chevaux sont abattus mais conscients de leur environnement et ils essayent de manger. Ne vous laissez pas avoir par le fait que votre cheval continue à manger car dans plus de 70% des cas, l’appétit est conservé.
Vous pourrez souvent observer que ses urines sont rouges-marrons et que les muqueuses (gencives notamment) sont plus ou moins congestionnées et de couleur rouge (Source : Le point Vétérinaire).
Traitements et pronostic
Aucun antidote à la toxine n’existe pour lutter contre la myopathie atypique équine. Bien sûr, une prise en charge rapide permet d’augmenter les chances de survie du cheval.
Le traitement est avant tout symptomatique. La première étape consiste à contrôler la douleur de l’animal, soutenir la fonction musculaire et le métabolisme énergétique.
Ensuite, il est nécessaire de mettre en place un traitement pour régler les déséquilibres électrolytiques, la déshydratation et protéger la fonction rénale.
La partie la plus importante du traitement consiste à protéger la masse musculaire et à empêcher que les lésions ne s’aggravent en évitant la position allongée en soutenant les chevaux dans une sangle. Il faut veiller à ce que leur température reste normale et qu’ils ne se blessent pas en essayant de se lever.
En général, les chevaux atteints de myopathie atypique meurt dans les 48 à 72heures. Ceux qui restent debout et qui reçoivent les soins appropriées ont plus de chances de survivre.
Les facteurs de risque
L’état des animaux
Cette maladie touche de préférence les poulains de moins de trois ans, les chevaux maigres et les très vieux chevaux. Mais il ne faut pas négliger les autres animaux dans la force de l’âge car tous les équidés peuvent aussi être atteints.
La région où se trouve votre cheval
En automne 2016, 181 cas ont été identifiés par le RESPE (Réseau d’Epidémio-Surveillance en Pathologie Equine) en France mais on pense que cela ne représente que 15 à 20% des cas réels ! Il y aurait donc environ 900 à 1200 cas en France à l’automne tous les ans.
En étudiant la répartition des cas de la myopathie atypique en Europe, on suppose que la présence d’érables sycomores n’est pas la seule condition au développement de la maladie mais qu’elle dépendrait de la coexistence de conditions environnementales spécifiques (climat, biogéographie). Cette piste de réflexion sur le lien entre l’environnement et la maladie est actuellement en cours d’étude.
La saison et les conditions climatiques
La myopathie atypique est une maladie saisonnière. La plupart des cas se déclarent au printemps et en automne. Au printemps, la toxine se trouve dans les plantules, jeune pousse issue de la germination de la graine d’érable. Quant à l’automne, c’est la saison des samares, eux aussi riches en toxines.
Il ne suffit pas de déplacer les chevaux parqués près des arbres car la forme des samares les prédispose à la dissémination par le vent, ce qui accroît le rayon d’action d’un arbre ou d’un bosquet. Et plus il y a de vent, plus ils se disséminent dans l’environnement et plus le risque est augmenté. Par exemple le mois de novembre 2016, particulièrement venteux, a été le mois le plus mortel.
Les automnes les plus chauds entraînent des pics de contamination. Mais à l’arrivée des premiers froids et gelées, la maladie disparaît immédiatement.
La prévention
Si vous êtes sur une zone à risque, essayez de respecter les consignes de prévention suivantes :
Faites le tour de vos pâtures (et des pâtures environnantes) pour évaluer les risques
Lorsque des cas de myopathie atypique sont déclarés dans votre environnement, rentrez les en priorité les jeunes chevaux à l’écurie. Si ce n’est pas possible, essayez de limiter l’accès aux prairies à quelques heures par jour et mettez-les de préférence dans un pré sans feuilles ou branchages au sol.
Donnez-leur en supplément des concentrés au printemps et l’automne ou augmentez raisonnablement la ration s’ils en avaient déjà.
Ne posez pas les aliments à même le sol. Abreuvez les chevaux avec de l’eau du robinet et mettez une pierre à lécher à disposition en permanence.
Vaccinez et vermifugez régulièrement vos chevaux
Lorsque les conditions météo sont défavorables (grands vents, pluies violentes, premiers jours de gel…) rentrez les chevaux à l’intérieur pendant les périodes à risque.
Participez activement au réseau de surveillance
Depuis 2005, il existe un réseau d’alerte de la Myopathie Atypique qui s’appelle l’AMAG (Atypical Myopathy Alert Group). Activé et administré par l’Université de Liège en Belgique, il rassemble des chercheurs et vétérinaires européens confrontés à la maladie. Depuis l’apparition des premiers cas français en 2002, le RESPE participe également à la surveillance au niveau européen.
Si vous avez connaissance d’un cas, il est très important de le déclarer pour faire jouer la surveillance et peut-être permettre à des gens de mettre leurs équidés à l’abri.
Sources documentaires :
www.medecineinternechevaux.com
www.haras-nationaux.fr
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